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    venez meme si vous n'etes pas goth


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  • Grand Amour Perdu :
    Les arbres ont fait tomber leurs feuilles, les nuages ont fait tomber leurs gouttes. Ce fardeau me tue.
    La distance recouvre ton chemin, les larmes recouvrent ta mémoire. Toute cette beauté me tue.

    Je t'aime encore, t'en soucies-tu donc ?
    Conscient que ce qui aurait du être perdu est toujours là.

    J'ai peur de ne jamais trouver personne. Je sais que mes pires douleurs sont à venir. Nous retrouverons-nous dans le noir, mon grand amour perdu ?


    Une Nuit de plus à vivre :
    Loin du monde, en sécurité dans un rêve, domaine intemporel, voici un enfant aux yeux embrumés, reflet de sa mère, fierté de son père.
    J'aimerais te rejoindre, sentir la pluie une fois encore. J'aimerais tomber au plus profond de moi-même et effacer tout ce que je suis devenu.
    Ma demeure est loin mais le repos est tout proche grâce à mon grand amour perdu sous la rose noire. Tu as dit que j'avais des yeux de loups : cherche-les et trouve la beauté de la bête.

    Toutes mes chansons ne peuvent être composées qu'à partir de la plus grande des douleurs. Le moindre vers ne peut naître que du plus grand des souhaits. Si seulement il me restait une nuit à vivre !

    Un saint m'a béni, a bu mon sang jusqu'à la dernière goutte. Il a recraché la misère qui s'y trouvait. Cependant, un pécheur peut violer un millier de saints et partager mon enfer. Le choix le plus sage dans ce monde fou : méfie-toi de la bête mais profite du festin qu'elle t'offre.


    Christabel :
    « Ô, douce Christabel, partage ton poème avec moi car je sais désormais que je suis la marionnette sur cette scène silencieuse. Je ne suis qu'un poète qui a gâché son meilleur texte. Un garçon mort qui n'arrive pas à la fin de chacun de ses poèmes. »


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  • Le Corbeau


    Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais,
    faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume
    d'une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête,
    presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de
    quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma
    chambre. "C'est quelque visiteur, - murmurai-je, - qui frappe
    à la porte de ma chambre ; ce n'est que cela et rien de plus."

    Ah! distinctement je me souviens que c'était dans le glacial
    décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du
    reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain
    m'étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse,
    ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et
    rayonnante fille que les anges nomment Lénore, - et qu'ici on
    ne nommera jamais plus.

    Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés
    me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques,
    inconnues pour moi jusqu'à ce jour ; si bien qu'enfin pour
    apaiser le battement de mon coeur, je me dressai, répétant:
    "C'est quelque visiteur attardé sollicitant l'entrée à la porte de
    ma chambre ; - c'est cela même, et rien de plus."

    Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc
    pas plus longtemps : "Monsieur, dis-je, ou madame, en
    vérité, j'implore votre pardon ; mais le fait est que je
    sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si
    faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre,
    qu'à peine étais-je certain de vous avoir entendu." Et alors
    j'ouvris la porte toute grande ; - les ténèbres, et rien de plus.

    Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps
    plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves
    qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut
    pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul
    mot proféré fut un nom chuchoté : "Lénore!" - C'était moi
    qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot:
    "Lénore!" Purement cela, et rien de plus.

    Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon
    âme incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort
    que le premier. "Sûrement, - dis-je, - sûrement, il y a quelque
    chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c'est,
    et explorons ce mystère. Laissons mon coeur se calmer un
    instant, et explorons ce mystère; - c'est le vent, et rien de plus."

    Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement
    d'ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours.
    Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas, il n'hésita
    pas une minute ; mais avec la mine d'un lord ou d'une lady, il
    se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha
    sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma
    chambre ; - il se percha, s'installa, et rien de plus.

    Alors, cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et
    la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination
    à sourire : "Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et
    sans cimier, tu n'es certes pas un poltron, lugubre et ancien
    corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel
    est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne!"
    Le corbeau dit : "Jamais plus!"

    Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si
    facilement la parole, bien que sa réponse n'eût pas une bien
    grand sens et ne me fût pas d'un grand secours ; car nous
    devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme
    vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre,
    un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la
    porte de sa chambre, se nommant d'un nom tel que
    - Jamais plus!

    Mais le corbeau, perché solitaitrement sur le buste placide, ne
    proféra que ce mot unique, comme si
    dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne
    prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, -
    jusqu'à ce que je me prisse à murmurer faiblement:
    "D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi; vers
    le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes
    espérances déjà envolées." L'oiseau dit alors:
    "Jamais plus!"

    Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec
    tant d'à-propos : Sans doute, - dis-je, - ce qu'il
    prononce est tout son bagage de savoir, qu'il a pris
    chez quelque maître infortuné que le Malheur
    impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit,
    jusqu'à ce que ses chansons n'eussent plus qu'un
    seul refrain, jusqu'à ce que le De profundis de son
    Espérance eût pris ce mélancolique refrain: "Jamais -
    jamais plus!"

    Mais le corbeau induisant encore toute ma
    triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège
    à coussins en face de l'oiseau et du buste et de la
    porte ; alors, m'enfonçant dans le velours, je
    m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant
    ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que
    ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural
    oiseau des anciens jours voulait faire entendre en
    croassant son - Jamais plus!

    Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais
    n'adressant plus une syllabe à l'oiseau, dont les
    yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu'au fond
    du coeur : je cherchai à deviner cela, et plus encore,
    ma tête reposant à l'aise sur le velours du coussin
    que caressait la lumière de la lampe, ce velours
    violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête,
    à Elle, ne pressera plus, - ah! jamais plus!

    Alors, il me sembla que l'air s'épaississait, parfumé par
    un encensoir invisible que balançaient les séraphins
    dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre.
    "Infortuné! - m'écriai-je, - ton Dieu t'a donné par ses
    anges, il t'a envoyé du répit, du répit et du népenthès
    dans tes ressouvenirs de Lénore! Bois, oh! bois ce
    bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue!" Le
    corbeau dit: "Jamais plus!"

    "Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon!
    mais toujours prophète! que tu sois un envoyé du
    Tentateur, ou que la tempête t'ait simplement échoué,
    naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte,
    ensorcelée, dans ce logis par l'Horreur hanté, - dis-moi
    sincèrement, je t'en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un
    baume de Judée? Dis, dis, je t'en supplie!" Le corbeau
    dit: "Jamais plus!"

    "Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon!
    toujours prophète! par ce ciel tendu sur nos têtes, par
    ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme
    chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle
    pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment
    Lénore, enbrasser une précieuse et rayonnante fille que
    les anges nomment Lénore." Le corbeau dit : "Jamais plus!"

    "Que cette parole soit le signal de notre séparation,
    oiseau ou démon! - hurlai-je en me redressan. - Rentre
    dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne;
    ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir
    du mensonge que ton âme a proféré; laisse ma solitud
    inviolée; quitte ce buste au-dessus de maporte; arrache
    ton bec de mon coeur et précipite ton spectre loin de ma
    porte!" Le corbeau dit : "Jamais plus!"

    Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste
    pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre;
    et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon
    qui rêve; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui,
    projette son ombre sur le plancher; et mon âme, hors du
    cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne
    pourra plus s'élever, - jamais plus!

    -- Edgar Allan Poe. --
    Traduction: Charles Baudelaire

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